C’est une question que je retrouve très souvent sur les réseaux sociaux : la notion de devoir ou non parler de sa maladie à son employeur.
Qu’est ce qui nous bloque autant dans le fait d’en parler ?
Le principe : Séparer vie professionnelle et vie personnelle
L’un des grands principes dans un milieu professionnelle est de pouvoir faire la distinction entre son travail et sa vie personnelle. Et, quoi de plus personnel qu’une maladie ? Les douleurs que nous pouvons ressentir, les angoisses que nous pouvons subir à longueur de temps, les spasmes, les raideurs … tout cela ne regarde que nous. Et notre entourage ! Voire peut-être quelques collègues triés sur le volet car notre relation a évolué vers une belle amitié.
Quelque part, cela nous aide à nous préserver. A garder pour nous notre jardin secret ! Après tout, il y a une certaine pudeur à ne pas dévoiler ce que nous avons de plus intime …
Donc il est vrai qu’à première vue, il n’y a aucune raison d’aller parler de la maladie à son employeur et d’aller l’étaler en place publique, surtout dans le cas où elle n’est pas visible !
Le cas spécifique de l’entretien d’embauche
La question se pose toujours un peu plus dans le cas où il s’agit d’une première embauche. Faut-il parler de sa maladie alors même que nous n’avons pas encore le poste ?
Est-ce que ce travail nous correspond réellement ?
D’une certaine façon, c’est risquer de se mettre en porte-à-faux dès le départ. Cependant, en fonction du poste qui est brigué, il y a toutefois l’importance de montrer nos limites, celles liées à notre maladie. Si l’on nous propose un poste à responsabilité, il faudra prendre en compte que les horaires pourront être assez importantes et le niveau de stress élevé.
Est-ce que nous serons à même de pouvoir tenir le cap ?
Ma propre expérience
En ce qui me concerne, atteinte d’une sclérose en plaques, le poste pour lequel je postulais requérait de nombreux déplacements. J’avais suffisamment travaillé sur moi et assez d’expérience et d’outils face à ma SEP pour savoir que j’étais capable de le faire ! Surtout dans une dynamique où j’avais la possibilité de créer mon emploi du temps comme je le souhaitais (dans le cas contraire, je ne pense pas que j’aurais accepté ce poste).
Par conséquent, j’ai choisi de ne pas en parler au départ. Mon employeur était insistant sur les voyages et je savais qu’il ne se serait pas senti rassuré. Quelque part, je peux comprendre son point de vue mais je connaissais parfaitement mes capacités et mes limites. Et ma passion des voyages (cf article : peut-on voyager avec la sclérose en plaques ?) !
Lorsqu’on ose parler de sa maladie à son employeur
Alors du coup, il peut aussi y avoir une autre possibilité. Et c’est celle que j’ai choisie … J’ai attendu un certain moment avant de le dire à mon travail. Ou plutôt de le dire à ma manager, puisqu’au final, elle était la principale concernée (avec la direction)
L’importance du bien-être au travail
Parce que le point clé sur fait d’en parler était de pouvoir continuer à me sentir bien dans mon travail, à ne pas tirer sur la corde et respecter mes limites.
J’ai attendu 3 ans avant de le dire. Non pas parce que j’avais décidé que c’était un laps de temps nécessaire, mais plutôt parce que, à un certain moment, j’ai senti qu’il me fallait en parler. Je savais gérer mon emploi du temps, mes moments de fatigue mais le rythme a commencé à s’accélérer. Et de plus en plus de missions en Afrique sont apparues, là où je refusais les vaccins et d’aller dans des pays que j’estimais « à risque » pour ma santé.
De même, j’étais de plus en plus régulièrement soumise à des décalages horaires et j’avais besoin de mettre en place un rythme qui me conviendrait mieux. Peut-être même pouvoir bénéficier, de temps en temps, de télétravail pour pouvoir éviter les longs trajets pour aller au bureau à côté des voyages professionnels.
Toujours est-il que pour privilégier mon bien-être au travail, il avait fallu que j’aborde le sujet. Dans un contexte comme celui-ci, parler de sa maladie à son employeur devenait important !
Comment parler de sa maladie à son employeur ?
Le fait d’avoir eu le temps de faire mes preuves, que mon employeur connaisse ma manière de travailler, mes compétences et ce que j’étais en mesure de faire était un très grand atout.
Mais j’ai aussi beaucoup travaillé sur ma manière d’en parler et de l’annoncer (cf article : Comment accepter le regard des autres : ne plus avoir honte de sa maladie) . Je dois vous avouer que le jour J je tremblais ! Mais j’ai choisi de rester neutre : oui j’avais une maladie, oui certaines évolutions du poste commençaient à devenir difficile pour moi mais cela ne remettait nullement en cause tout ce que j’étais capable de faire.
J’ai fait très attention à ne pas me victimiser. Dans le passé, c’était une manière de parler de ma maladie que j’avais beaucoup utilisée, notamment pour pouvoir avoir de la reconnaissance et de l’attention. Mais, à agir de la sorte, j’obtenais de la pitié. Et, de la part d’un employeur, ce n’est jamais très valorisant et prometteur …
Conclusion
Je me suis rendu compte que ce qui comptait avant tout serait la façon de présenter sa maladie dans un contexte de travail. Et, avant tout, si le travail nous plait vraiment et que nous souhaitons le garder, de faire en sorte de rassurer son employeur pour lui montrer que cela ne remet nullement en question le travail qui est attendu de nous, même si cela doit être un peu aménagé !
Et vous ? Est-ce que vous avez annoncé votre maladie au travail ? Quelles ont été les suites ? N’hésitez pas à nous partager votre expérience en commentaire ci-dessous.
Cette publication a un commentaire
Bonjour Lisa,
La plupart de mes collègues sont au courant de ma SEP dont l’infirmière coordinatrice et la personne qui s’occupe des ressources humaines.
En ce qui concerne le directeur, je n’ai jamais eu l’occasion de lui en parler mais est-ce qu’on lui a dit, je ne sais pas.
Tous les arrêts que j’ai eu n’ont jamais été en lien avec ma maladie.
Je suis en CDD et même si on refusait de me prolonger à cause de ça, je n’aurais aucun regret car je sais que j’ai toujours fait mon travail correctement et que ça devait être ainsi.
Et au final, ils auraient plus à perdre que moi.