cancer du sein

Témoignages | Isabelle : « Mon cancer du sein m’a éveillée »

Moins on est attentif aux messages, plus le corps doit crier fort.

La rencontre avec Lisa

Facebook, je le déteste autant que je l’aime ! Il m’horripile souvent avec ses pubs parfois envahissantes. Et quand il me harcèle pour m’inciter à “booster” telle ou telle publication. En parallèle, il me permet de garder un contact avec des personnes éloignées, de qui, sans lui, je n’aurais plus de nouvelles. Et aussi, parfois, il m’offre le cadeau de belles rencontres, avec de belles personnes. Sans lui, je n’en aurais jamais entendu parler. Ce genre de rencontres un peu magiques, c’est ce qui s’est produit avec Lisa.

Je ne sais plus quel fil je suivais quand je suis tombée sur un des articles du blog de Lisa. A ce moment-là, il n’y en avait encore que quelques-uns. J’ai aimé le regard qu’elle portait sur sa maladie et sa façon vivante, douce et ferme d’en parler.

J’ai lu tous ses articles en ligne à ce moment et, dans la foulée, je lui ai envoyé un message. Nous avons échangé, d’abord par écrit, puis oralement, toujours grâce à Facebook. Nous devons nous rencontrer “pour de vrai” dans quelques jours, “IRL” comme on dit sur internet.

Rester actrice face à ma maladie

Lisa m’a impressionnée par son choix parfaitement réfléchi et assumé de renoncer aux traitements chimiques que propose la médecine scientifique pour sa maladie. Je n’ai pas fait ce choix, du moins au début. Mais je partage avec Lisa la volonté d’être actrice et responsable face à la maladie, plutôt que de la subir.

La maladie qui me concerne n’est pas la même que celle de Lisa (cf. article Le diagnostic de sclérose en plaques). Elle concerne malgré tout un grand nombre de femmes de nos jours. Il y a quatre ans et quelques, j’ai eu un cancer du sein.

Un grand nettoyage

Quand j’ai découvert la grosseur dans mon sein gauche, je n’avais qu’une envie, c’était qu’on me l’enlève au plus vite. La chirurgie était une évidence. Je suis reconnaissante envers le chirurgien qui m’a retiré la tumeur et tout mon sein avec. Il l’a fait avec beaucoup de soin et une très fine cicatrice.

Mon sein gauche ne me manque pas. J’ai conservé la sensibilité de ma peau sur mon torse et la pleine mobilité de mon épaule et de mon bras. Et je suis très attachée à ma prothèse externe en silicone. Elle rétablit l’équilibre, visuellement et pondéralement. La reconstruction mammaire ? Pas envie.

Au moment du diagnostic et après l’opération chirurgicale, les résultats des examens ont montré que la tumeur dans mon sein avait commencé à envoyer quelques tentacules au-delà, vers les ganglions lymphatiques. Chimiothérapie et radiothérapie s’imposaient, pour réduire les risques, enrayer le processus…

J’ai accepté l’idée qu’il était nécessaire de parfaire le grand nettoyage. Et ce, malgré le cortège d’effets secondaires dont cela pouvait s’accompagner. J’avais besoin de la radicalité de ces traitements destructeurs, mais je pouvais agir pour réduire les dommages collatéraux.

Une autre approche du cancer du sein

La liste est longue des pratiques, petites ou grandes, que j’ai mises en place pour contrer les fameux effets secondaires. Choix alimentaires, jeûne intermittent, acupuncture, magnétisme, méditation, hypnose, marche… Mon but n’est pas d’en dresser la liste complète ou de donner des conseils.

Tout ce que j’ai envie de dire, c’est que m’occuper de ma santé est devenue une priorité, une évidence. Il me fallait choisir la manière qui me convient, qui me “parle” le mieux, à partir de mon ressenti. J’ai entrepris un lent et patient apprentissage de l’écoute de mon corps. J’écoute ainsi les messages qu’il me délivre, au travers des sensations et des émotions. Je me sens ainsi touchée par le message de Lisa et concernée par sa démarche de partage d’expériences.

Je n’ai évidemment pas de “preuve scientifique” que les pratiques que j’ai mises en place en accompagnement des traitements que j’ai reçus contre le cancer du sein ont été bénéfiques. Ce que je peux dire, c’est que je n’ai connu ni nausée, ni vomissement, ni brûlure, ni réaction cutanée violente. De la fatigue certes ! Mais jamais jusqu’à l’épuisement, jusqu’à me clouer au lit dans la journée. Ou jusqu’à m’empêcher d’aller marcher autant que je pouvais, ne serait-ce que quelques dizaines de minutes.

Je me sens "guérie"

Aujourd’hui, bientôt cinq ans après, je vais bien. Je n’ose pas dire “je suis guérie”, mais c’est ce que je crois secrètement. J’ai perdu un sein, j’ai perdu mes cheveux (ils ont repoussé, pas plus vigoureux qu’avant), j’ai perdu une dizaine de kilos (sans regret), j’ai perdu mon cycle menstruel (ça ne me manque pas non plus), j’ai perdu l’usage normal de ma vessie (je m’adapte), j’ai perdu d’avoir des ongles durs et solides, j’ai perdu quelques illusions et quelques croyances. J’ai parfois quelques poussées d’angoisse, notamment juste avant chaque examen de contrôle périodique, prises de sang, mammographies, échographies, que je gère avec plus ou moins de facilité.

Dans le sillage de la chirurgie, de la chimiothérapie, de la radiothérapie, mes médecins m’ont prescrit un traitement d’hormonothérapie, prévu pour durer au moins cinq ans et pour réduire les risques de récidives de cancer du sein. J’ai fini par décider de l’interrompre il y a quelques mois.

J’ai éprouvé le besoin de me libérer de l’obligation de penser à avaler un comprimé tous les matins, à me procurer la boîte à la pharmacie tous les mois et à renouveler l’ordonnance tous les semestres. Le cancer, j’y pense déjà bien assez souvent comme ça ! Comme je n’en ressentais pas tellement d’effet secondaire, arrêter ce traitement n’a pas déclenché de changements très visibles, à part peut-être, un peu moins de raideurs articulaires et des mouvements moins grippés le matin, au réveil.

La maladie est un message

Ce que je voudrais, c’est être capable de ressentir les messages envoyés par mon corps, sans qu’ils soient filtrés ou atténués par la prise d’un médicament ou quoi que ce soit d’autre. Je pense que la maladie est un message que le corps envoie pour alerter sur un déséquilibre intérieur. Moins on est attentif aux messages, plus le corps doit crier fort.

De ce point de vue, ce cancer du sein m’a beaucoup appris. Il m’a éveillée, aidée à prendre conscience des choix que je faisais sur mon chemin de vie, à goûter, savourer la valeur de la vie, sa fragilité et sa beauté. Aujourd’hui, j’en suis sûre, la vie est belle, quoi qu’il arrive.

Isabelle

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Qui je suis ?
bien vivre avec la maladie

Je suis Lisa Brienne, je suis psy et sophrologue certifiée et j’ai moi-même une sclérose en plaques depuis 14 ans.

Je propose ici des outils pour vous aider à accepter et vous sentir mieux au quotidien avec votre maladie chronique et vos émotions.