Chapitre 2 – La vie avant la sclérose en plaques

Chapitre 2 | La vie avant la sclérose en plaques

Dans le chapitre précédent

Dans le chapitre 1, je présentais les différentes étapes qui suivent l’annonce d’une maladie, à savoir le Choc, le Déni, la Colère, la Tristesse, la Reconstruction et l’Acceptation.

Avant de vous plonger dans le voyage qui a suivi l’annonce de ma sclérose en plaques, permettez-moi tout d’abord de vous présenter la jeune fille d’il y a dix ans :

J’avais 23 ans et je venais tout juste de finir mes études. Je m’étais lancée dans des études de droit, après avoir assisté à un procès en classe de première, attirée par l’idée de la justice, mais aussi parce que je manquais de réelle vocation et que le droit me paraissait être un bon compromis loin des matières scientifiques, de l’économie ou encore des études littéraires pures.

Je ne sais pas si d’autres personnes se sont retrouvées aussi perdues que je l’étais à ce moment là mais, en ce qui me concerne, mon choix d’études aura plutôt été un NON- choix ou un choix par élimination.

Hédoniste avant tout

Je réussis mes deux premières années de justesse et, lors de ma troisième année, l’occasion se présenta de suivre le programme Erasmus. L’Auberge Espagnol de Cédric Klapisch venait tout juste de sortir sur les écrans et, avec ma meilleure amie, nous y vîmes une occasion inespérée de sortir du carcan des études juridiques en France, et surtout, avouons-le, de vivre une année de fêtes. Nous partîmes donc en Angleterre, à Nottingham.

Je quitte le noyau familial

C’était la première fois que je quittais le noyau familial. Cette année fut effectivement très festive et peu axée sur les études mais j’en revenais avec une certitude très affirmée : je souhaitais travailler à l’international.

J’avais été conquise par cette ambiance, cette expérience qui amène des personnes de toutes cultures, toutes nationalités à se retrouver et échanger sur leurs différences, leurs pays, leurs traditions. J’avais eu la chance de baigner dans les voyages depuis toute jeune, de par le métier de mon père, et cet attrait ne fit qu’augmenter au fil du temps.

Je veux travailler à l'international

Je rentrais toutefois faire une première année de Master en France, en droit pénal. De nature très hédoniste, je ne réfléchissais pas vraiment à me projeter dans un futur professionnel. Le droit pénal était le seul droit qui m’intéressait et je souhaitais le coupler avec l’international dans le cadre de ma deuxième année de Master.

L’université de Nottingham Trent proposait un LLM (Master de Droit anglo-saxon) en Droit Pénal International. Cela me paraissait être une parfaite union entre mes deux centres d’intérêts. Ma vision était qu’à ne suivre que des cursus qui m’intéressaient, je finirais par trouver un travail qui m’intéresse.

Je postulais donc, cette fois-ci en tant qu’étudiante anglaise, et je fus acceptée. Cette décision de repartir fut faite une fois de plus avec ma meilleure amie, même si elle choisit une branche du droit différente de la mienne.

Pleine de rêves et d’insouciance

Pour ma part, l’univers des cours anglo-saxons, associé à la matière enseignée, m’intéressait fortement mais je ne voyais pas plus loin.

Peu ancrée dans la réalité professionnelle, je m’imaginais trouver un emploi par la suite à la Cour Pénale Internationale ou dans une Organisation Non Gouvernementale telle que Amnesty International, mais je ne m’étais jamais renseignée sur les métiers existants. Je n’avais pris aucune information sur les possibles débouchés de ce secteur ni les opportunités qui pouvaient y exister.

A la suite de cette année, je restais donc encore très immature et je résistais à me lancer dans une vie professionnelle.

Etant peu intéressée par le côté juridique, j’avais écrit mon mémoire de fin d’études sur un sujet plus ciblé en criminologie et sociologie, à savoir comment des personnes « normales » pouvaient devenir génocidaires, m’appuyant sur les travaux d’Hannah Arendt. Passionnée par ce thème et cherchant sans doute à repousser mon entrée dans la vie professionnelle, j’hésitais pour un temps à me lancer dans un doctorat. Mais si mon sujet intéressa les universités anglaises, le coût trop élevé de ces études me découragea rapidement.

Seule m’attirait la perspective de travailler dans un univers international et l’idée – ou la représentation que je m’en faisais – de donner du sens à ma vie en travaillant dans un secteur humanitaire. Je n’avais donc aucune idée de la réalité des métiers, avançant seulement à travers les projections que je me faisais de tel ou tel emploi.

Sous l’excuse de parfaire mon espagnol, je commençais alors par aller rejoindre mon compagnon de l’époque dans sa région natale, en Galice, à Saint Jacques de Compostelle où je travaillais en tant que serveuse et où je prenais le temps de postuler pour des stages dans mon domaine. La vérité est que cela me permettait de repousser l’entrée dans la vie professionnelle.

Peu ancrée dans la réalité

Ce second chapitre me permet de planter le décor sur la jeune fille que je pouvais être : légère, insouciante et assez immature, il faut le dire. Comme vous l’aurez compris, je vivais beaucoup dans mes projections et j’étais très déconnectée des réalités de la vie.

La maladie me semblait loin, j’avais 23 ans, la vie devant moi et n’avais quasiment jamais entendu parler de la sclérose en plaques.
Réalités qui me heurtèrent de plein fouet dès lors que ma vie professionnelle commença et que, justement, une première poussée de sclérose en plaques fit son apparition …

Pour recevoir mes astuces pour “Bien vivre avec votre maladie” et des témoignages inspirants autour de ce thème

Partagez l'article

Facebook
Twitter
LinkedIn

Cette publication a un commentaire

Laisser un commentaire