Chapitre 8 – Le besoin de parler de sa maladie

Chapitre 8 - Le besoin de parler de sa maladie

Dans le chapitre précédent

Dans le chapitre 7, je venais de découvrir le traitement qui suit une poussée de sclérose en plaques, à savoir les Bolus de Cortisone. Cette expérience était assez traumatisante autant pour moi que pour mes proches et réalisée dans un contexte assez déshumanisé, où j’avais l’impression d’être un numéro parmi tant d’autres J’en ressortis complètement hébétée, ne sachant plus quelle conduite adopter …    Je me rendis cependant vite compte qu’il allait me falloir sortir de la position de victime.

La douce position de Victime

A la sortie de l’hôpital, alors que j’avais récupéré toutes mes fonctionnalités, je me retrouvais en état de Choc. Mais que s’était-il passé ? C’était forcément un mauvais rêve ! Mon corps réagissait désormais normalement, les médecins devaient forcément s’être trompés. Et s’ils disaient vrai, c’était simplement une « petite » sclérose en plaques. Cela n’avait forcément rien à voir avec des personnes handicapées, qui marchent péniblement, avec une canne, ou sont en fauteuil roulant.

J’étais cependant trop fatiguée pour m’imaginer repartir en Italie et je décidais de rester chez mes parents, un peu abasourdie. Mes proches aussi étaient très remués et je sentais bien que personne ne savait trop comment réagir.

Très vite, sans m’en rendre compte, je glissais lentement dans une position de victime. Je n’arrivais pas réellement à prendre la mesure de ce qui venait de m’arriver, malgré la lourdeur du traitement, et j’avais surtout besoin que l’on me plaigne, que mon entourage s’intéresse à moi. Je racontais à tout le monde ce qui m’arrivait : à la boulangère en allant chercher le pain, au boucher, au primeur, à nos voisins, à la femme de ménage …à toute oreille qui se montrait un tant soit peu bienveillante et qui me confortait dans ce rôle.

Non seulement, je cherchais à susciter la compassion mais une partie de moi cherchait aussi à rendre cette annonce plus réelle, à me l’approprier. J’annonçais ma SEP sans vraiment être à même de ressentir quoique ce soit. Seule m’intéressait la réaction suscitée chez mon interlocuteur, qu’il fasse parti de mes proches ou pas.

Capter l’attention de mon entourage

Aujourd’hui, je réalise qu’inconsciemment, je me complaisais dans ce rôle et que je ne faisais rien pour sortir de la position de victime. Pour la jeune fille que j’étais, qui manquait terriblement de confiance en elle, cela me permettait ainsi de pouvoir capter et obtenir l’attention des autres. Je me sentais enfin exister !

Ce monde de victime était le seul monde qui existait à mes yeux à ce moment-là. Je ne pouvais rien faire pour parer à cette fatalité alors, quelque part au fond de moi,  j’attendais après les autres, j’attendais que quelqu’un vienne me sauver. Mais c’était aussi une expérience éprouvante, car ce que l’on arrive à obtenir en se positionnant ainsi, on a sans cesse peur de le perdre.

Je suis souvent retournée dans ce statut lorsque je me sentais coincée dans ma vie, ne sachant plus comment avancer. Dans son article, Le Monde de la Victime, Richard Thibodeau écrit « La victime est puissante dans son impuissance. ».

Je trouve cette phrase très forte : prenez le cas d’un bébé qui pleure, malgré son impuissance, il attirera tout son entourage vers lui. Par la suite, en grandissant, si à chaque fois qu’il pleure, on lui donne un bonbon, il en conclura que cet état de victime lui permet d’obtenir ce qu’il souhaite. Alors que s’il reste naturel, on le lui refuse.

L'importance de sortir de la position de victime

C’est une façon comme une autre d’attirer l’attention. Mais si cela marche très bien dans les premiers temps de la maladie (nos proches ne savent pas comment réagir et sont aussi très affectés par ce qui nous arrive), il arrive forcément un moment où les relations deviennent faussées. Notre entourage commence à se lasser, non pas parce qu’il n’a pas d’empathie mais parce qu’il n’a pas la possibilité de nous venir en aide. Face à une personne qui n’existe plus qu’en tant que victime, il ne sait plus quelle posture adopter et peut s’éloigner.

De plus, je pense réellement que pour pouvoir aller vers un mieux-être aussi bien physique que psychologique et pour être en mesure de bien vivre avec sa maladie, sortir de la position de victime est la première étape et la plus importante. Car c’est celle qui nous permettra de reprendre notre propre pouvoir face à la maladie et ne plus attendre après les autres.

Je reviendrai souvent sur ce thème, dans mes prochains chapitres, car cette posture a marqué ma vie pendant de nombreuses années.

En refusant de sortir de la position de victime et en ne m’exprimant que dans la plainte, j’attendais que quelqu’un vienne résoudre, pour moi, la problématique à laquelle je faisais face.

Cette situation avait quelque chose de confortable et elle aurait vraiment pu durer, si une petit phrase anodine de ma mère n’avait pas agi comme un électrochoc. Cela sera mon premier déclic pour m’en sortir.

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