Chapitre 14 – Émotions et sclérose en plaques

Chapitre 14 – Émotions et sclérose en plaques

Dans le chapitre précédent

Dans le chapitre 13, j’entrais dans la phase de Colère. Je vivais mal ce trop plein d’émotion, le fait de n’avoir aucun interlocuteur direct envers qui décharger cette Colère. Un sentiment d’injustice m’envahissait et je ne trouvais aucun moyen de pouvoir libérer toute cette négativité

Émotions et sclérose en plaques

Avant de vous présenter ma phase de Tristesse, je souhaitais ici faire un petit aparté sur le pouvoir des émotions et la manière que j’essaie de les exprimer pour m’en libérer lorsqu’elles sont négatives.

Je sais qu’en ce qui me concerne, je suis une grande émotive.  Je pourrais même dire, une grande hypersensible (cf article “L’hypersensibilité au travers de la maladie : 3 outils pour s’apaiser“). Si ce trait de caractère n’est pas l’apanage de la sclérose en plaques, je me pose toutefois la question :

Peut-on faire un lien entre émotions et sclérose en plaques ?

Si mes émotions ont toujours régi une partie de ma vie, je ne pense pas que je doive les mettre sur le compte de ma maladie. A l’inverse, je dirais plutôt que c’est le fait de garder en moi ce trop plein d’émotions qui a pu occasionner des moments de fortes tensions physiques. Celles-ci ont fini par ressortir sous forme de poussées.

Pour ma part, mes émotions arrivent toujours dans leur forme brute. Etant plus jeune, elles m’ont d’ailleurs souvent joué des tours. En grandissant, j’ai appris à les garder pour moi, comme toute personne adulte fait lorsqu’elle est en société. Mais alors je me suis retrouvé prise à un autre piège… Une fois seule, je n’arrivais plus à les exprimer. Elles se retrouvaient enfermées quelque part.

Et comme elles n’avaient pas pu prendre leur place, elles finissaient par s’incruster en moi. Elles ressortaient alors sous d’autres formes, plus insidieuses : anxiété, palpitations, insomnies, ruminations avec des pensées persistantes et hyperémotivité, voire poussées.

Nos émotions ne sont pas des faiblesses

Mais qu’est ce que l’on entend réellement par émotions ? Et quelle est leur place ?  Nous les considérons si souvent comme des erreurs ou de la faiblesse. Pourtant, elles ont un message à nous faire passer.

Dernièrement, j’ai publié un article sur l’impact de regard des autres (cf article “A travers le regard des autres“). Je pense réellement qu’il s’agit là du frein majeur pour le laisser-aller de nos émotions.Lorsque nous nous retrouvons face à notre supérieur hiérarchique qui nous annonce quelque chose qui ne nous plait pas, bien évidemment, nous ne pouvons pas laisser exprimer notre Colère. Il y a des règles de bienséance face à nos relations professionnelles ou face à toute autre personne qui n’est pas un de nos proches. De même, la Tristesse pourra être contenue lorsque nous nous retrouvons dans un lieu public et nous attendrons de nous retrouver seuls pour la laisser s’exprimer.

J’ai souvent eu des ami(e)s qui étaient en colère par rapport à une action de leur conjoint(e) et qui me disaient « non mais ce n’est pas grave, je ne sais pas pourquoi ça me met autant en colère, il y a plein de personnes que cela n’aurait pas touchées ». Donc ils ou elles renonçaient à exprimer cette Colère, puisque la “normalité” selon eux indiquait qu’il n’était pas nécessaire d’être en colère dans ce cas précis.

Pourtant nos émotions sont là pour nous dire quelque chose, qui est en rapport avec notre propre perception de la situation. Elles nous servent à tirer le plus de plaisir possible de chaque bon moment et à éviter les obstacles et les dangers qui se trouvent sur notre chemin. Et, ça c’est propre à chacun d’entre nous. Notre ressenti et perception de chaque situation est en fonction de notre histoire personnelle. Et nos émotions nous envoient des messages précis. Par exemple, la Colère nous indique que notre organisme a décelé la présence de ce que NOUS considérons comme un obstacle. Et la Tristesse nous envahit face à la perte ou le manque.

"Tout ce qui ne s'exprime pas s'imprime"

Le problème, c’est que très souvent, ces émotions qui n’ont pas pu sortir sur le moment nous rongent. Et parfois, une fois ce moment passé, une fois que nous aurions la place de les laisser aller, nous éprouvons du mal à les faire jaillir sous leur forme brut : crier un bon coup pour la Colère ou pleurer pour la Tristesse par exemple. Ces émotions que j’ai souvent refoulées sur le moment finissent par me hanter, comme une âme en peine ou comme un petit fantôme qui me tourne autour sans cesse cherchant à obtenir réparation. Elles cherchent toujours à s’exprimer et si je ne suis pas attentive, elles finissent par s’accumuler et resurgissent par la suite physiquement. Et il peut être là, le lien entre émotions et sclérose en plaques !

«Sachant que tout ce qui ne s’exprime pas s’imprime, il est souhaitable de favoriser l’expression au-delà de l’émotion, ou du retentissement. Cette pratique permettra d’éviter quelques somatisations, du stress et de l’angoisse» a écrit Jacques Salomé, psychosociologue et écrivain, à ce sujet.

Et à ce moment de mon récit, me trouvant à la frontière des deux émotions les plus intenses qui ont marqué le diagnostic de ma sclérose en plaques, je ne peux que confirmer cette citation. Je pense réellement que les crises d’angoisses que j’ai faites à cette époque (et que j’ai refais plusieurs fois par la suite mais ce sont d’autres chapitres à venir …) sont extrêmement liées au refoulement de ma Colère. Plus je cherchais à l’étouffer, plus les crises d’angoisses étaient fortes.

Comment libérer ses émotions ?

Aujourd’hui, j’ai trouvé d’autres moyens pour libérer ses émotions et l’écriture est certainement le plus puissant. Si je ressens de la Colère ou de la Tristesse, je vais prendre un carnet et prendre le temps de la déposer dessus pour qu’elle ne me ronge plus. Mon écriture, sur le moment, est généralement nerveuse, saccadée et je peine souvent à me relire. Cependant, le fait de le déposer par écrit m’amène déjà sur le chemin de l’apaisement, parce que cela me force à me poser quelques instants. Et surtout, cela m’aide à reformuler mes pensées et mettre des mots dessus. Je reviendrai sur cette exercice dans un article dédié au pouvoir de l’écriture.

Mais il existe d’autres clés. Par la suite, j’ai aussi appris à les libérer physiquement, soit en me forçant à pleurer si tel est mon besoin ou en méditant, me centrant ainsi sur ma respiration. J’ai découvert par la suite le yoga, l’acupuncture et le shiatsu (technique de massothérapie japonaise pour rééquilibrer le corps) qui m’ont aussi particulièrement aidée. Je reviendrai plus en détail sur ces techniques vu qu’il s’agissait aussi de la façon dont je soigne mes poussées.

Et vous ? Quels est le lien que vous faites entre émotions et sclérose en plaques ? Comment vous libérez-vous ?

D’ailleurs, c’est seulement lorsque j’ai pu exprimer ma Tristesse, que je pris le temps de traverser cette période en toute sérénité. Ce fut aussi l’occasion pour moi de découvrir une autre forme de traitement.

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Cet article a 5 commentaires

  1. Phileme

    Bonjour,
    Je n’ai pas de diagnostique mais j’ai des symptômes qui ressemblent à cette maladie. Aujourd’hui douleurs engourdissante dans les mâchoires, mains et jambes aux reveil cette nuit et au réveil de la sieste. Beaucoup d’émotions ces derniers temps cette dernière année et aujourd’hui, je sais que je suis incapable d’évacuer mes colères autrement que par la danse, le dessin, l’écriture et que je ne me suis pas autorisée à le faire cette année. Aussi que lorsque je ressens des émotions fortes, je ne peux pas les exprimer, ma mâchoire les attrape au passage et les met dans mon corps, cela parait étrange, mais je suis hypersensible et j’ai perçu tout cela. Je vais aller chez le médecin pour un diagnostique car mes symptomes évoluent. de manière gênante. J’utilise l’auto massage par le chi nei tsang pour évaluer les émotions tout de même.

    1. Lisa

      Bonjour Phileme,
      Peut-être devriez-vous consulter pour en savoir plus … Mais je pense aussi que le trop plein-émotionnel et le fait de ne pas arriver à s’en détacher, s’en libérer finit par se manifester physiquement.
      Peut-être auriez-vous aussi besoin d’un accompagnement thérapeutique avec une personne de confiance ? Car ces colères sont forcément là pour dire quelque chose, pour exprimer quelque chose. Et peut-être que le fait de trouver la cause de ces colères permettraient de pouvoir vous aider à les évacuer …
      Mais l’écriture est très bien, entre autres. Symboliquement, je vous invite à vous laver les mains lorsque vous avez déposé toute votre colère par écrit d’ailleurs !!
      L’hypersensibilité est à la fois une fragilité et une force (je sais de quoi je parle ^^) et nous ne pouvons pas nous permettre de relâcher notre attention sur la façon de libérer nos émotions.
      Tenez moi informée de là où vous en êtes 🙂
      Courage à vous !

  2. Anahita

    Les technique que j’ai mentionnées dans l’autre post, me paraissent pouvoir aller beaucoup plus loin que le seul yoga, car elles visent à aller au plus profond du traumatisme, la kinesiologie aussi à sa manière différente.. peut être à explorer

    1. Lisa

      Merci beaucoup Anahita pour ce retour ! Je suis entièrement d’accord avec toi, surtout pour la kinésiologie. Je compte en parler prochainement dans d’autres articles car j’ai testé pendant plusieurs années et j’ai trouvé cette technique assez impressionnante.
      Pour retrouver les autres techniques proposées par Anahita : chapitre 13 : Colère et Fatigue

  3. marielle valentin

    Je garde encore beaucoup de mes émotions même si j’arrive de mieux en mieux en m’en libérer. Je vais essayer l’écriture. Sinon le dessin, le chi cong, la marche , la piscine… Mais je suis persuadée que nous sépiens avons une sensibilité à fleur de peau. je ressent comment sont les gens en fasse de moi de coup c’est pas toujours simple….

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